Quand est-ce que les gens vont comprendre que la question du Takfīr n’est pas une question qui revient à nos sentiments, nos désirs, notre raison et notre pensée ?!

1⃣

◼️Le Takfīr est un jugement religieux les frères !

Par conséquent, on ne se base pas sur nos sentiments, nos impressions, nos pensées pour donner ce jugement, on se base sur Allāh a dit, le prophète ﷺ a dit. Et ça doit être une preuve claire et non une preuve qui peut prêter à d’interprétations diverses. Ce n’est pas parce que tu penses que celui qui fait ceci ou cela est mécréant qu’il l’est selon les textes, non ! Si on a aucune preuve claire qui prouve que celui qui fait ceci ou cela est mécréant, on n’a pas le droit de faire son Takfīr et ce même si notre raison défectueuse limitée nous incite à le faire.

On a pas besoin de ta parole disant :

«Comment peut-on dire qu’un tel est musulman ?»

«Je pense qu’il est mécréant, car pour moi il ne peut pas être musulman.»

«Mais j’ai l’impression que…»

«Ma raison refuse qu’il soit musulman.» et d’autres expressions de ce genre.

On a pas besoin de ça ici, on a besoin des preuves irréfutables et non de tes impressions, sentiments et de ta raison, car si nous renvoyons la chose à nos sentiments, nos impressions et à notre raison, par Allāh, ce sera la catastrophe, car chacun pourra rendre mécréant qui il veut, quand il veut et où il veut en ne se basant que sur ses sentiments, ses désirs et sa raison.

Le Shaykh al-Islām Ibn Taymiyyah (qu’Allāh lui fasse miséricorde) a dit :

«La mécréance fait partie des sentences législatives, ce n’est pas tout celui qui contredit ce qui est déraisonnable de contrarier qui devient mécréant, et même si on suppose que la personne a contredit certaines choses rationnelles claires, ON NE DOIT JUGER DE SA MÉCRÉANCE QUE DANS LE CAS OÙ SA PAROLE EST JUGÉE COMME ÉTANT UNE MÉCRÉANCE DANS LA LÉGISLATION.»

Source : Majmuʾ al-Fatāwah 12/525.

Donc, c’est une question de preuves religieuses et non de raison. Ceci est un principe de base dans les questions du Takfīr. Si tu ne comprends pas ce principe, tu auras toujours du mal à comprendre les questions de Takfīr. Beaucoup de Khawārij et des Takfīrī se sont égarés sur les questions de Takfīr parce qu’ils n’ont pas bien compris ce principe.

◼️De même le Takfīr n’est pas une question de vengeance !

Si un tel a fait mon Takfīr, moi aussi je fais le sien, comme un tel m’énerve, je dois faire son Takfīr, non ! C’est une question basée sur les preuves de la législation et cette question demande aussi une certaine crainte envers Allāh, car celui qui ne craint pas Allāh se permettra de rendre mécréant qui il veut.

L’Imām Muḥammad Ibn ʿAlī ash-Shawkānī (qu’Allāh lui fasse miséricorde) a dit :

«Sache que juger qu’un musulman est sorti de l’islām et qu’il est dans la mécréance est une chose qu’un musulman qui croit en Allāh et au jour dernier ne devrait pas faire, sauf s’il a une preuve qui est plus claire que le soleil en pleine journée, car il est rapporté de façon authentique par l’intermédiaire d’un groupe de compagnons que le prophète ﷺ a dit : « celui qui dit à son frère ô mécréant, l’un des deux mérite alors cela.» C’est rapporté ainsi dans le Ṣaḥīḥ et dans les deux recueils authentiques : « celui qui appelle son frère mécréant ou qui l’appelle en lui disant ennemi d’Allāh, alors qu’il ne l’est pas, cela retournera sur lui-même.» C’est-à-dire le qualificatif retournera sur lui-même et dans un autre terme dans le Ṣaḥīḥ : «l’un d’eux aura mécru.» Nous avons dans ces Aḥadīth et dans ce qui est rapporté sur ce sujet la plus grande menace et la plus grande exhortation dissuasive concernant la précipitation dans le Takfīr.»

Source : Sayl al-Jarrār 4/578

Ibn Taymiyyah dit même que le fait de rendre mécréant un musulman est pire que le tuer, car à la base tout celui qui est mécréant il est permis de le tuer. Par contre, ce n’est pas tout celui qui mérite la mort qui est forcément mécréant. Voir al-Istiqāmah 1/165 et 166.

2⃣ Ibn ʿAbdil Bār (qu’Allāh lui fasse miséricorde) a dit :

«On ne fait sortir de l’Islām celui dont on est unanime qu’il est musulman (avant la divergence sur son Takfīr) qu’avec un autre consensus ou une Sunnah prouvée qui n’est contredit par rien du tout. Les gens de la Sunnah qui sont les gens de la jurisprudence et du Athar sont unanimes sur le fait que personne ne sort de l’Islām à cause de son péché même s’il est grand ! Les gens de l’innovation les ont contredits. Ce qui est donc obligatoire rationnellement, C’EST QU’ON NE RENDE MÉCRÉANT QUE SI TOUT LE MONDE EST D’ACCORD OU S’IL Y A UNE PREUVE IRRÉFUTABLE DU QURʾĀN OU DE LA SUNNAH SUR SON TAKFĪR.»

Source : at-Tamhīd 17/22

Le Shaykh al-Islām Ibn Taymiyyah a dit parlant des Khawārij :

«Si ces gens-là dont l’égarement a été établi par les textes et à l’unanimité ne sont pas devenus mécréants, pourtant Allāh et son messager ﷺ ont ordonné de les combattre, que dire alors des groupes qui sont en divergence et dont la vérité pour eux a été confuse dans des sujets où ceux qui sont même plus savants qu’eux se sont trompés ?! Il n’est permis à aucun de ces groupes de juger mécréants les autres groupes ou qu’il s’arroge le droit de tuer et de prendre les biens des autres quand bien même ils seraient dans une innovation prouvée. Que dire alors du cas où le groupe qui rend les autres mécréants serait lui-même aussi un groupe d’innovateurs ?! Il se pourrait même que leur innovation soit pire, il se pourrait que l’innovation de ceux-là soit pire. Et dans la majorité des cas, ces groupes sont tous ignorants des réalités de ce sur quoi ils divergent.

Source : Majmuʾ al-Fatāwah 3/282 et 283.

On ne déclare mécréant que celui dont on a des preuves claires sur sa mécréance.

Écrit par Muḥammad Wora.